Histoire de la bryologie
Avant 1800 – Les débuts
La première démarcation - de l'Antiquité à la Renaissance
Les premières approches systématiques d'une classification des plantes dans laquelle les bryophytes sont également reconnues comme un groupe à part entière, ont été faites par le philosophe et naturaliste grec Theophrastos von Eresos (env. 371 av. J.-C. - 287 av. J.-C.). Il était un disciple d'Aristote.
Après l'Antiquité, ce n'est à partir de la Renaissance que la botanique a retrouvé son importance en tant que discipline de recherche. Andrea Cesalpino (Caesalpinus 1519-1603) médecin, philosophe et botaniste à Pise et à Rome, développa au XVIe siècle le système de Theophrastos et créa pour la première fois une systématique uniforme des plantes basée sur des caractéristiques morphologiques dans son De Plantis libri (1583). Cet ouvrage est constitué de trois catégories principales : "arbres", "plantes vivaces et herbacées" et "plantes sans graines" - parmi lesquelles il comptait les bryophytes.
À droite : illustrations d'une perce-mousse (Polytrichum) tirées de son
Les bryophytes dans l'herboristerie médicinale - XVIe siècle.
Jusqu'au XVIIIe siècle, la botanique n'est restée qu'une science auxiliaire de la médecine, l'intérêt pour les plantes provenant de leur utilisation comme remède, outre l'aspect de l'exploitation agricole et forestière. Certaines bryophytes étaient également considérées comme médicinales et figuraient, parfois avec des illustrations, dans les livres d'herboristerie du Moyen Âge au XVIIe siècle, dans des manuscrits d'abord, puis dans des livres imprimés. Ces livres de plantes ont longtemps repris les bases des connaissances de l'Antiquité. Seuls les "pères de l'herboristerie" Otto Brunfels (1489-1534), Leonhart Fuchs (1501-1566) und Hieronymus Bock (1498- 1554) ont fourni des descriptions et des illustrations fidèles des plantes dans leurs ouvrages.
Un répertoire complet des plantes comprenant quelques bryophytes - XVIIe siècle
Une nouvelle ère de la botanique émergea, après celle de l'herboristerie, avec Caspar Bauhin (1560-1624), professeur d'anatomie et de botanique à l'université de Bâle et médecin de la ville de Bâle. Bauhin renouvela la nomenclature et décrivit toutes les plantes qu'il connaissait avec une description systématique incluant tous les synonymes. Dans son Pinax Theatri botanici (1623), il mentionne environ 6'000 espèces, dont quelques bryophytes. Mais parmi les 2'500 spécimens de Bauhin encore présents aujourd'hui à Bâle, il n'y a pas de bryophytes.
Le frère de Caspar, Johannes Bauhin (1541-1612) également médecin et naturaliste, eut une renommée moins importante que Caspar dans le domaine de la botanique, mais se fit néanmoins connaître par sa grande encyclopédie botanique (1650/51) recourant l'ensemble des connaissances botaniques de son époque.
L'exploration scientifique - XVIIIe siècle.
Carl von Linné (1707-1778), médecin et naturaliste suédois, a donné un essor international à la botanique au XVIII siècle. Il a amendé les idées de ses prédécesseurs avec un système artificiel de classification des plantes. Son système sexuel à 24 classes s'est avéré être un outil de travail pratique. La classe 24 est celle des cryptogames, les "plantes au mariage caché", qui comprend également les bryophytes. Avec son Species Plantarum (1753), Linné a tenté de répertorier l'ensemble du monde végétal et a conçu une description scientifique en genre-espèce, encore utilisée aujourd'hui. Cette œuvre est le point de départ, non seulement de la nomenclature des plantes à fleurs, mais aussi de celle des hépatiques et des sphaignes. Pour les bryophytes, Linné a pu s'appuyer entre autres sur les travaux préparatoires de l'Italien Pier Antonio Micheli (1679-1737), et de Johann Jacob Dillen (Dillenius 1648-1747). Dillen, botaniste à Giessen et plus tard à Oxford, a rédigé le tout premier ouvrage consacré uniquement aux bryophytes, Historia Muscorum (1741).
Une nouvelle base pour un système des bryophytes - 1801
Johannes Hedwig (1730-1799) ), médecin et botaniste à Leipzig, a grandement contribué à l'avancement dans la recherche sur les bryophytes. Il a progressivement utilisé le microscope et a mis en évidence des organes reproducteurs chez les bryophytes, qu'il a dessiné de manière très détaillée. Il a profondément renouvelé la systématique des bryophytes. Dans sa classification, il a accordé une importance particulière à la formation du péristome des mousses, une caractéristique encore importante actuellement pour la classification. Son Species Muscorum, publié à titre posthume en 1801, est aujourd'hui encore utilisé comme base pour la dénomination scientifique des mousses. Hedwig n'a certes pas récolté lui-même en Suisse, mais il a décrit de nombreuses espèces à partir de matériel provenant de Suisse, notamment d'Albrecht von Haller. La vaste collection de mousses d'Hedwig est conservée à l'Herbier Genève.
Bibliographie
Auteur: L. Lienhard 3.2012. Traductrice Ariane Cailliau